Puslapio vaizdai
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l'antiquité profane et sacrée, lorsque tout à coup cette fête bouffonne est interrompue par l'arrivée d'un messager, qui annonce à la princesse la mort du roi son père.

C'est dénouer, ce semble, bien tristement un tissu de folies grotesques. Mais, pour éviter le ton tragique, la princesse fait un armistice avec sa douleur, écoute les propositions de mariage que lui adresse le roi de Navarre, et déclare même qu'elle consentira à l'épouser, s'il a le courage de vivre en ermite pendant une année entière, et si « les jeûnes et les austérités (3) ne fanent point la fragile fleur de son amour. »

On conviendra qu'il est impossible de recevoir la nouvelle de la mort d'un père, en prenant mieux ses arrangements pour se consoler de l'année de deuil.

Les dames d'honneur, obligées à pleurer un an avec leur maîtresse, imposent la même condition à leurs amants. Rosaline y joint une clause plus rigoureuse, Biron ira visiter les hôpitaux pendant toute cette année, et emploiera la vivacité de son esprit à égayer les malades, et à faire rire les mourants.

c'est que

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le vrai moyen de réprimer un esprit railleur, dont les

(3) Nip not the gaudy blossoms of your love.

(4) That's the way to choke a gibing spirit,

Whose influence is begot of that loose grace,

écarts sont le fruit d'applaudissements indiscrets, que des auditeurs à tête vide, et rieurs, donnent à ses folies. Le succès d'un bon mot dépend de l'oreille qui l'entend, et jamais de la langue qui le dit. Ainsi donc, si les oreilles des malades, assourdies par les clameurs que leur arrachent leurs tourments, veulent se prêter à entendre vos vaines railleries, alors continuez sur ce ton, et je consens à vous accepter avec ce défaut ; mais, si elles ne veulent pas les entendre, alors défaites-vous de ce genre d'esprit, et je vous retrouverai corrigé de ce défaut, et tout joyeux de votre réforme. »

Il est singulier de voir, à la fin du poëme, percer le langage du philosophe, en critique du ton que le poëte a par-tout adopté. Ne croirait-on pas reconnaître dans Shakspeare la secrète intention de protester aux yeux de la postérité contre le mauvais goût lui imposait l'influence de son siècle (4) ?

que

Which shallow laughing hearers give to fools:

A jest's prosperity lies in the ear

Of him that hears it, never in the tongue

Of him that makes it: then, if sickly ears,

Deaf'd with the clamours of their own dear groans,

Will hear your idle scorns, continue then,

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But, if they will not, throw away that spirit,
And I shall find you empty of that fault,
Right joyful of your reformation.

NOTE.

(A) Voir dans la notice du premier volume quelques détails sur l'Euphuïsme, et sur Lillie, qui en fut l'inventeur.

Il n'y a nulle probabilité que cette pièce soit de Shakspeare; il nous paraît même douteux qu'il l'ait retouchée: elle est hideuse; et nous n'en parlerions pas, si elle ne se trouvait dans les éditions du poëte, et si, d'ailleurs, elle ne servait à faire connaître dans quelle épouvantable barbarie était plongé le théâtre anglais, lorsque ce grand homme vint y jeter une si vive lumière. C'est la plus complète excuse de ses fautes et de ses écarts, le plus grand éloge de son génie.

Le Périclès dont il s'agit ici n'est pas celui de l'histoire. C'est un héros imaginaire, un prince de Tyr, qui s'est rendu à Antioche pour y obtenir en mariage la fille d'Antiochus, roi de cette ville.

Cet abominable roi vit avec sa fille dans un commerce incestueux; et, pour la dérober aux recherches de ceux qui briguent sa main, il exige qu'ils devinent une énigme, et, s'ils n'y peuvent réussir, qu'ils reçoivent la mort. Il résulte de cette circonstance un singulier effet de décoration au lever de la toile (le devant du palais d'Antiochus). Des tétes sont disposées sur les remparts.

La vue de cette rangée de têtes n'empêche point Périclès de risquer la sienne. L'énigme qu'on lui propose est le détail des affreux liens qui unissent secrètement Antiochus à sa fille. Périclès en pénètre le sens; mais il n'ose l'expliquer. Antiochus comprend

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lui faire gar

ESSAIS LITTÉRAIRES SUR SHAKSPEARE. qu'il a deviné, et lui laisse la vie der le silence.

pour

le

Cependant, afin de s'assurer que son secret ne sera pas trahi plus tard, il veut faire périr le prince par un assassinat. Périclès se sauve chez Simonidès, roi de Pentapolis, à la cour duquel il remporte le prix dans un tournoi, et se montre si fort à son avantage, que roi lui donne subitement sa fille pour épouse. Un commentateur de Shakspeare, Steevens, ne peut s'empêcher, à cette scène, de s'écrier le roi, pour sa niaiserie, mériterait d'être renvoyé dans les coulisses, à grands coups de pied.

que

Périclès s'embarque avec son épouse, pour retourner à Tyr. Il est assailli par une tempête. Son épouse accouche d'une fille sur le vaisseau, et tombe dans un état si semblable à la mort, qu'on la croit morte en effet. Les matelots exigent, par superstition, qu'on la jette hors du vaisseau, pour apaiser la tempête.

Périclès fait mettre sa femme dans un coffre goudronné, avec un écriteau dessus, et cette nouvelle Danaé aborde ainsi à Éphèse, où elle se fait prêtresse

de Diane.

Périclès, craignant que sa fille ne puisse supporter les fatigues de la navigation jusqu'à Tyr, la dépose chez Cléon, roi de Tharse.

Cette fille, appelée Marina, à cause du lieu de sa naissance, acquiert avec les années une beauté qui éclipse celle de la fille de Cléon. La femme de ce roi, pour ramener sur sa propre fille les hommages usurpés par une étrangère, veut faire poignarder Marina.

Au moment où l'assassin lève le bras sur elle, elle est enlevée par des pirates qui la revendent au maître d'un lieu de débauche et de prostitution, à Mitylène. Marina, par son courage, résiste à toutes les tentatives dirigées contre sa vertu. Du reste, le style des personnages est conforme au lieu de la scène.

Enfin, au cinquième acte, l'infortunée retrouve son père, que les vents ont jeté dans la rade de Mitylène, et tous deux rencontrent dans le temple d'Éplièse la princesse qui a été jetée à la mer.

autre,

Tel est le fonds de cette tragédie qui, dans sa nouveauté, fut imprimée avec l'épithète d'admirable. Mais les dictionnaires d'épithètes ont, plus que tout besoin d'être revus et corrigés par la postérité. L'exécution est conforme au choix des incidents. Ce qu'il y a de remarquable, et peut-être d'heureusement bizarre dans cette monstrueuse production, c'est la manière dont l'exposition est faite pour chaque acte. Le sujet est emprunté à un livre intitulé Confessio Amantis (▲), de Gower. En sa qualité de premier père de tous les personnages, Gower paraît devant le spectateur au commencement de chaque acte, expose la situation qui va être développée, et dans le fond du théâtre s'exécute une action muette, qui devient le point de départ des événements dont les actes sont remplis.

Pour une pièce sérieuse, il ne saurait y avoir d'invention plus grossière, plus digne de l'enfance de l'art. Mais, peut-être un parodiste en tirerait-il parti avec avantage.

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