Puslapio vaizdai
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Son mari lui apporte enfin un plat, un plat unique, et encore faut-il qu'elle le partage avec Hortensio, que Pétruchio prie tout bas de manger le plus possible. Ce n'est pas tout : la pauvre Catherine est obligée de dire merci, pour avoir la permission d'en goûter.

Un tailleur et un chapelier apportent robe et chapeau pour Catherine. Pétruchio critique et rejette tout. Catherine s'écrie qu'elle veut tout garder, que tout est bien... Pétruchio, avec un sang froid désespérant, proteste qu'elle a bien bon goût de trouver tout mal fait, et il chasse le tailleur et le chapelier, qui sont obligés de remporter leurs fournitures.

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Le pédant, sous le nom de Vincentio, décide Baptista à donner sa fille à Lucentio.

Le véritable Lucentio va enlever Bianca, pour se marier avec elle pendant l'absence de son père. Rien de plus déraisonnable et de moins intéressant.

SCÈNE CINQUIÈME.

Une grande route.

Pétruchio, en chemin pour se rendre avec sa femme et Hortensio à Padoue, rencontre le véritable Vincentio. Il ordonne à Catherine d'embrasser cette jeune et fraîche jouvencelle. Catherine donne l'acco

lade au vieillard, en lui faisant un compliment dont une Hébé serait flattée.

Pétruchio se récrie ensuite sur ce que sa femme prend un vieillard pour une jeune fille, et la docile Catherine, aussi souple qu'un gant qu'on retourne en tout sens, prie le vieillard d'excuser sa méprise.

Vincentio se fait connaître pour le père de Lucentio. Pétruchio lui apprend que son fils est sur le point de devenir le beau-frère de celui qui lui parle; ils continuent leur route ensemble.

ACTE CINQUIÈME.

Padoue.

SCÈNE PREMIÈRE.

- Place, devant la maison de Lucentio.

Cette scène, qui forme le dénouement, n'est qu'un imbroglio sans intérêt et sans gaieté.

Lucentio enlève Bianca pour son compte, tandis que Gremio attend qu'il l'enlève pour lui.

Vincentio arrive devant la maison de son fils. Il frappe. Le pédant met la tête à la fenêtre et demande qui est là. Vincentio répond qu'il est le père de Lucentio. Le pédant réclame ce nom comme n'appartenant qu'à lui. Tranio soutient qu'il est le vrai Lu

centio.

Enfin, tout s'explique par l'arrivée de Lucentio qui accourt se jeter aux genous de son père, et lui montre Bianca qu'il vient d'épouser. Baptista et Vincentio pardonnent cette supercheric, aussi absurde qu'inutile.

Pétruchio, pour couronner ses épreuves sur la docilité de sa femme, la force de l'embrasser dans la rue, sous peine de retourner sur le champ à la campagne.

SCÈNE SECONDE.

Appartement de la maison de Lucentio.

Naturellement la pièce devrait être finie. Les règles de l'art semblaient le vouloir ainsi, puisque le dénouement est complet. Cependant on ne saurait blâmer cette fois la violation des règles, puisqu'elle nous vaut une scène originale.

Les trois nouveaux mariés (car Hortensio a épousé sa veuve), réunis dans un festin avec leurs amis, font une gageure assez semblable à celle dont les suites coûtèrent Rome aux Tarquin. Ils parient chacun, non pas que sa femme est la plus chaste, la plus assidument renfermée dans son ménage; mais qu'elle est la plus docile à son mari. Pour en faire l'épreuve, Hortensio et Lucentio envoient, l'un prier, l'autre avertir sa femme de se rendre dans la salle du festin; l'une et l'autre ne répondent au message que par une défaite. Pétruchio fait dire à la sienne qu'il lui commande de venir. Elle vient. Il la charge d'aller chercher de force ses compagnes. Elle les amène. Il lui ordonne de leur faire un discours sur l'obéissance due par la femme au mari. Elle prêche, et ce sermon, qui a les plus grands traits de ressemblance avec le discours d'Arnolphe sur le même sujet, est d'autant plus plaisant ici, qu'il se trouve placé dans la bouche

d'une femme, et d'une femme autrefois citée pour son humeur revêche et indomptable.

Selon quelques commentateurs, une pièce sur le même sujet et sous le même titre existait avant Shakspeare, et il n'a fait que la retravailler. I paraît qu'il doit aussi quelques incidents à une comédie de l'Arioste, I Suppositi, qui fut traduite en anglais, et jouée à Londres, en 1566. La pièce de Shakspeare fut, selon Malone, représentée en 1594.

NOTES.

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(A) Nous avons, sur cette donnée, une comédie en cinq actes du père Ducerceau. Elle a pour titre : Les Incommodités de la Grandeur.

(B) On trouve pourtant dans quelques éditions le Réveil de Sly, qui ne m'a paru que médiocrement piquant.

(c) « Voilà où coulait le Simoïs. Voilà le promontoire de Sigée. Là s'élevait le palais majestueux du vieux Priam. »

(D) Dans le Distrait de Regnard, le chevalier, surpris en tête à tête avec Isabelle, sa maîtresse, se fait aussi passer pour maître d'italien, et donne à la jeune fille la leçon suivante :

Isabella bella, c'est vous, belle Isabelle;
Amante fedele, c'est moi l'amant fidelle
Qui veut toute sa vie adorer vos appas ;

Il les faut accorder en genre, en nombre, en cas.

Le dernier vers est très gai; mais Regnard n'a pas, comme Shakspeare, la réplique de la jeune personne.

(E) Le malheureux poëte anglais Tobin a fait sur ce sujet une pièce qui n'est pas sans esprit, et qui a pour titre la Lune de Miel, imitée avec succès au théâtre de Madame; on reproche avec raison à Tobin d'avoir trop pillé Shakspeare. MM. de Jouy et Roger ont donné un opéra comique sur un sujet semblable; il a pour titre l'Amant et le Mari. Tout le monde connaît la charmante comédie de la Jeune Femme colère, par M. Étienne.

(A MIDSUMMER-NIGHT'S DREAM.)

Cette pièce est un vrai songe. Rien de plus fantastique que le sujet, de plus irrégulier et de plus bizarre que la manière dont il est traité. Un ouvrage dramatique où l'on mêlerait, pendant cinq actes, les héros de la mythologie grecque, les fées et les génies des superstitions du Nord, ne serait regardé chez nous que comme une longue mystification; et les Anglais seuls peuvent pardonner à l'extravagance du songe de Shakspeare, en faveur de quelques détails gracieux, et d'assez belles tirades jetées çà et là d'une manière qui les rend tout-à fait indépendantes de l'action.

Ce n'est pas que Shakspeare n'ait imaginé dans son rêve poétique des situations ingénieuses, qui, habilement développées, auraient pu devenir théâtrales. Il faut aussi rendre justice à des scènes vraiment comiques, bien que voisines de la caricature grotesque. Au surplus, cette féerie, de beaucoup inférieure à la Tempête, par la nullité des caractères et par l'incohérence des inventions, est regardée par les critiques anglais comme fort supérieure pour le style; et l'un d'eux, Hazzlit, en compare la lecture à une promenade dans un bosquet, à la clarté de la lune.

T. II.

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