Puslapio vaizdai
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naturelle, sur les consolations. Léonato et Antonio défient tous deux au combat Claudio, qui arrive en ce moment avec don Pèdre. Claudio refuse de mettre l'épée à la main contre des vieillards.

Bénédick survient, et propose tout bas un duel à Claudio, qui lui donne un rendez-vous. Don Pèdre plaisante beaucoup Bénédick, et, ce qu'il y a de plus étrange, Claudio, ce Claudio qui, la veille, accusait son amante, et était au comble du désespoir, se mêle sans façon aux bouffonneries de don Pèdre. Bénédick seul, renonçant à son premier caractère, sort après un discours sage et ferme, adressé à Claudio et à don Pèdre, sur l'injustice de leur accusation..

Dogberry amène devant le prince Borachio et Conrade. Le premier avoue son stratagème, et justifie Héro.

Léonato, qui a été informé des aveux de Borachio, accourt avec un transport d'indignation, très beau dans un père dont on a calomnié la fille.

« (3) Quel est le misérable?... Faites-moi voir ses yeux, afin que, quand il m'arrivera de rencontrer un homme qui lui ressemble, je puisse l'éviter; lequel est-ce d'entr'eux ?>>>

Claudio, qui reconnaît son crime et son malheur,

(3) Which is the villain? Let me see his eyes; That, when I note another man like him, I may avoid him : Which of these is he?

et qui croit avoir causé la mort de Héro par sa fausse accusation, s'abandonne à Léonato, et offre de subir la punition que lui imposera un père justement ir

rité.

Léonato répond que, puisqu'on ne peut lui rendre sa fille, il exige du moins qu'on rende à sa fille l'honneur qu'on lui a ravi, en présence de tout le peuple de Messine: il exige ensuite que Claudio soit son neveu, puisqu'il n'a pu être sou gendre, et lui offre la fille de son frère en mariage.

Quoique peu vraisemblable dans une telle circonstance, cette proposition serait très dramatique, si Claudio, plein de son amour pour Héro, ne la recevait qu'avec horreur, et cependant se voyait contraint d'exécuter sa promesse. Mais, au contraire, Claudio n'hésite pas un instant, et, dès-lors, tout intérêt se trouve détruit dans son germe. On est surpris que Shakspeare soit tombé dans une pareille méprise, lui qui a terminé sa scène par un mot d'un effet admirable, et qui montre ce qu'aurait pu devenir la situation, si elle avait été bien développée. Après que Léonato a tout réglé pour le mariage de Claudio et de sa prétendue nièce, au moment où ils se séparent, Claudio dit en lui-même:

«< (4) Cette nuit, j'irai pleurer sur la tombe de Héro. »

(4) To-night I'll mourn with Hero.

SCÈNE SECONDE.

Jardin de Léonato.

Bénédick a un long entretien avec Béatrice, entretien tout-à-fait inutile à la marche de la pièce, et du ton de la plus froide plaisanterie.

SCÈNE TROISIÈME.

L'intérieur d'une église.

Don Pèdre et Claudio, accompagnés de musiciens, viennent honorer la tombe de Héro.

SCÈNE QUATRIÈME.

Maison de Léonato.

Claudio s'apprête à conduire à l'autel la nouvelle épouse qu'on lui destine. On la lui présente masquée: il jure d'accepter sa main; elle ôte son masque, revoit sa première fiancée.

et il

A leur retour, Bénédick et Béatrice, après s'être décoché quelques nouvelles épigrammes, finissent par se donner la main ; et la pièce se termine par la nouvelle que le prince Juan, qui s'était enfui, vient

d'être arrêté.

Il faut toujours admirer la fécondité de l'imagina tion de Shakspeare, qui sait inventer tant de ressorts dramatiques; mais presque toujours il faut aussi regretter qu'il n'en ait pas su tirer parti, et qu'après avoir créé les situations les plus théâtrales, après

avoir combiné heureusement les effets comiques et tragiques dans un même ouvrage, il se laisse entraîner à un dialogue faux et grossièrement subtil, si je puis ainsi parler, qui ruine tout le charme de ses créations.

Malone place en 1600 la composition de Beaucoup de bruit pour rien.

Bénédick était, dit-on, un des rôles favoris de Garrick.

Il existe, sur le sujet de cette comédie, un opéra sérieux, qui s'est joué avec beaucoup de succès à l'Opéra-Comique, grâce à la musique. C'est Montano et Stéphanie.

Je ne serais pas surpris que Bénédick et Béatrice eussent fourni à Destouches, qui fut long-temps en mission à Londres, l'idée du Damon et de la Céliante du Philosophe sans le savoir. Il n'aurait, néanmoins, emprunté que le fonds des caractères, et la situation comique imaginée par Shakspeare resterait encore à transporter sur notre scène. Elle a déjà été effleurée avec succès dans la première moitié de l'Héritière, charmant vaudeville de MM. Scribe et Germain Delavigne.

(COMEDY OF ERRORS.)

On va voir les Ménechmes de Plaute traités par Shakspeare. Ce sujet est par lui-même voisin de l'invraisemblable; on dirait que Shakspeare se soit complu à le précipiter dans l'impossible. Aux deux frères qu'on prend l'un pour l'autre, il donne pour valets deux frères qu'on ne peut distinguer l'un de l'autre. Le célèbre M. Schlegel justifie cette invention, en disant qu'il n'y a pas de degré dans l'incroyable. Nous ne saurions admettre ici l'autorité du critique allemand. Quoique les ressemblances parfaites soient très rares, on sait qu'il en existe. Aussi les admet-on à la scène sans répugnance. Mais les mettre en partie carrée, c'est renoncer à toute illusion, à moins que, comme dans l'Amphytrion de Molière, on n'emploie le secours du merveilleux.

Il y a des degrés dans tout. Rien n'est absolu. Horace badine sur certains philosophies qui ne trouvaient aucune différence entre les fautes et les crimes. Je ne pense pas qu'en sa qualité de législateur du parnasse il eût approuvé qu'on ne fit aucune distinction entre les invraisemblances théâtrales. Regnard, que Schlegel paraît préférer à Molière, ne suivait la doctrine de son panégyriste; lui qui a poussé le soin de la vraisemblance jusqu'à mettre les deux frères en deuil, pour que leur costume pût être uniforme.

pas

M.

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