Puslapio vaizdai
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L'idée de cette scène est heureuse, en ce qu'elle établit bien le caractère de Lucio, et la justice que se rendent les mauvais sujets par leur mépris mutuel; mais d'ailleurs l'exécution est grossière jusqu'à l'indécence, et bizarre jusqu'à l'absurdité.

La conversation des trois débauchés est interrompue par l'arrivée d'un personnage, dont toute la licence du théâtre anglais ne suffit pas pour nous faire concevoir l'introduction dans des pièces qui étaient jouées en présence de la reine Élisabeth. Ce personnage est madame Overdone, qu'il est assez embarrassant de qualifier honnêtement en Français,

Car le lecteur français veut être respecté.

C'est la directrice (*) d'un de ces infames repaires où l'on achette ces plaisirs qui cessent d'être des plaisirs quand on les achette.

Madame Overdone apprend à Lucio qu'on vient d'arrêter Claudio, un de ses amis, pour avoir séduit une jeune fille nommée Juliette, qui porte dans son sein le gage de cet amour illégitime. Claudio, ajoutet-elle, doit avoir la tête tranchée d'ici à trois jours.

Le valet de madame Overdone, qui n'a, durant toute la pièce, d'autre nom que le bouffon, excepté dans une seule scène où il en décline un plus positif, mais bien moins honnête, vient confirmer la nouvelle de l'arrestation de Claudio', et il s'afflige avec sa maî

(*) En anglais, a bawd.

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tresse du tort que la sévérité du gouvernement va faire à leur honorable commerce.

SCÈNE TROISIÈME.

Même lieu.

Le prévôt paraît avec Claudio et Juliette qu'il conduit à la prison. Lucio interroge son ami sur la cause de son arrestation. Claudio lui explique qu'il était secrètement l'époux de Juliette, et qu'un intérêt de famille l'avait empêché de remplir les cérémonies publiques, prescrites par la loi ; que cependant leur union a été décélée par l'état de Juliette, et qu’Angelo, le ministre qui gouverne en l'absence du duc, sans doute pour se signaler par un grand acte de sévérité, réveille une loi pénale, tombée depuis longtemps en désuétude, et qui punit de mort la faute qu'il a commise. Il prie Lucio d'aller trouver sa sœur Isabelle, qui est sur le point d'entrer au couvent, et de lui apprendre le danger où se trouve son frère, afin qu'elle se hâte d'implorer le juge et qu'elle fasse tous ses efforts pour le fléchir.

Lucio promet de s'acquitter du message de son ami, et fait des voeux pour qu'Isabelle réussisse, autant, dit-il,

<< (1) Pour l'encouragement de tes pareils, qui, autrement, se trouveraient fort compromis, que pour le

(1) As well for the encouragement of the like, which else would stand under grievous imposition; as for the enjoying of thy life,

salut d'un ami comme toi, à qui je serais bien fâché de voir perdre sottement la vie à un jeu de tic tac. >>

SCÈNE QUATRIÈME.

Un monastère.

Cette scène nous transporte dans un monastère où nous retrouvons le duc de Vienne avec un bon religieux nommé Thomas, auquel le duc confie les motifs de son départ simulé. La licence des mœurs lui a fait regarder comme nécessaire de réveiller d'anciennes lois assoupies; mais, pour ne pas les rendre trop dures et trop redoutables, en les appliquant lui-même aux fautes que sa longue indulgence a pu autoriser, il s'est reposé de ce soin sur la sévérité d'Angelo; il est d'ailleurs curieux d'éprouver ce ministre.

« (2) Angelo est austère; il est en garde contre les traits de l'envie à peine avoue-t-il : que du sang coule dans ses veines, et qu'il a plus de goût pour le pain que pour la pierre. Nous verrons, en cette occasion, si le pouvoir change la règle de sa conduite, ce que sont dans la réalité nos hommes à belles apparences. >>

who I would be sorry should be thus foolishly lost at a game tick-tack.

(2)

Lord Angelo is precise;

Stands at a guard with envy; scarce confesses
That his blood flows, or that his appetite

Is more to bread than stone: hence shall we see,
If power change purpose, what our seemers be.

of

C'est dans cette double intention que le duc veut assister, invisible, à l'administration d'Angelo. Il prie en conséquence le moine de lui prêter un habit de son ordre, et de lui enseigner comment il doit se conduire pour avoir en tout l'air d'un vrai religieux.

SCÈNE CINQUIÈME.

Un couvent de filles.

Nous allons nous trouver maintenant dans le couvent où Isabelle se prépare à commencer son noviciat. Mais, avant que d'y faire arriver Lucio, Shakspeare saura d'un trait nous indiquer le caractère d'Isabelle. Si j'insiste sur ce détail, qui ne sert en rien à l'action, c'est pour montrer ce grand talent du poëte anglais, de nous faire comprendre tout un caractère ou toute une situation avec un petit nombre de mots.

Isabelle cause avec une des religieuses, Francisca.

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(3) And have you nuns no further privileges?

FRANCISCA.

Are not these large enough?

T. II.

10

ISABELLE.

Oh! Oui, certainement. Ce que j'en dis, ce n'est pas que j'en desire davantage. Au contraire, je souhaiterais encore une règle plus étroite pour la communauté des sœurs de Sainte-Claire. »

Que d'art dans ces trois interlocutions qui ouvrent la scène, et comme on a bien vu tout d'abord l'ame pure d'une jeune fille pleine de sévérité pour elle

même !

Lucio se présente, il explique le malheur de Claudio à Isabelle, qui l'écoute avec une douleur calme, et peu de confiance dans ses efforts pour sauver son frère: elle promet cependant de ne rien négliger. Les paroles de Lucio expriment bien l'embarras d'un jeune libertin en présence d'une fille honnête qui lui impose du respect; il ne sait comment s'exprimer; il tourne avec indécision autour de ce qu'il veut dire, comme s'il se défiait du retour de son langage ordinaire, qui blesserait des oreilles chastes.

ACTE SECOND.

SCÈNE PREMIÈRE.

Une salle de la maison d'Angelo.

Claudio vient d'être condamné à mort par Angelo.

:

ISABELLA.

Yes, truly I speak not as desiring more;
But rather wishing a more strict restraint

Upon the sisterhood, the votarits of Saint-Clare.

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