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SUR

SHAKSPEARE.

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CORIOLAN.

(CORIOLANUS.)

yeux ses

S'il est dans l'histoire un événement auquel les formes de la tragédie romantique paraissent indispensables pour être présenté sur la scène dans toute son énergie, c'est peut-être le tableau de l'injure et de la vengeance de Coriolan. Pour nous intéresser à son injure, il faut qu'on nous ait mis sous les services; pour nous intéresser à sa vengeance, il faut qu'on nous ait mis sous les yeux son injure. Voilà pourquoi ce sujet, qui produit une si forte impression dans les récits de Plutarque et de TiteLive, paraît si vague et si décoloré dans la tragédie de Laharpe. Il est des sentiments assez naturels, assez honorables au coeur de l'homme, pour être adoptés sans peine par l'imagination, même quand elle doit suppléer à tout l'intervalle qui sépare leur origine de leur dernier développement: tel est l'amour, telle est la tendresse maternelle. Il n'en est pas de même de la

T. II.

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vengeance considérée isolément, elle nous déplaît, elle nous semble odieuse; il faut qu'on nous ait fait prendre parti contre les outrages qui l'ont précédée, il faut que nous l'ayons souhaitée nous-mêmes, pour la voir arriver sans une espèce d'horreur.

Le caractère de Coriolan est un de ceux que Shakspeare a tracés avec le plus de force; il excellait à peindre ces personnages, pour ainsi dire, hyperboliques, qui dépassent les proportions ordinaires de la nature humaine, qui se sont jetés dans un des extrêmes de la société ou de l'ordre moral. Cette inflexibilité d'orgueil aristocratique, qui ne recule devant aucun danger, ne cède à aucun intérêt, et a plutôt encore besoin d'humilier le vulgaire que de l'asservir, a été transportée, dans le Coriolan de la tragédie, aussi entière, aussi vivante qu'elle l'était dans le Coriolan de l'histoire.

On peut s'étonner que Shakspeare n'ait pas su trouver des couleurs aussi vraies et plus vives encore pour peindre ce doux et noble sentiment de l'amour filial dont il a offert ailleurs un si touchant tableau. La tendresse de Coriolan pour Volumnie ne nous est presque connue que par des récits, au lieu de nous être montrée, d'être changée pour nous en réalité, par ces traits caractéristiques dont nul auteur n'a fait un usage plus fréquent et plus heureux que le poëte anglais.

On doit remarquer qu'il n'a point porté dans cette tragédie son impartialité ordinaire. Il peint les tribuns comme de vils hypocrites, et le peuple comme

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